lundi 7 décembre 2009

La confiance


L'angélus
acrylique sur toile - 2006 - 34" x 48" (86,4 cm x 121,9 cm)

Série "Formes noires"
www.alec5.com


Je me suis assis dehors. J'ai regardé la rassurante structure chaotique de la cime d'un arbre noir qui se découpait sur le ciel blanc et j'ai eu une réflexion, ou plutôt une révélation! Je venais de comprendre, je crois, quel était l'élément principal qui avait changé depuis mon enfance : La confiance.
En regardant cet arbre je me souvenais que pour moi les arbres étaient immuables et éternels. Or rien n'est plus faux. Ce qui distingue notre époque actuel est la perte de la confiance. En nous-mêmes? Peut-être aussi, mais avant tout en ce qui nous entoure. Avons-nous encore confiance en notre garagiste? Notre laveuse était-elle aussi fiable que les modèles plus anciens? Nous remettons-nous pleinement et sagement à nos gouvernements? Croyons-nous en l'honnêteté des gens de services, quels qu'ils soient? L'outil qui est parfait va-t-il être remplacé sans préavis par quelque chose qui ne convient plus, qui ne s'adapte plus? Le planificateur financier est-il un planificateur financier? Le médecin sait-il ce qu'il fait, connaît-il vraiment le médicament qu'il prescrit? Et pourquoi nous assure-t-on qui n'y aura pas de problème? Doit-il y en avoir à chaque fois? Est-ce vraiment l'aliment illustré que je mange? Et les exemples sont légion.
La perte de confiance va avec la perte de l'innocence. C'est probablement pour cela que tant d'adultes sont moroses, désabusés, sarcastiques et critiques. Et j'en fais définitivement partie.

Je regarde cet arbre et pense à un temps plus simple, plus lent, avec tellement moins d'éléments à surveiller et dont on doit prendre conscience. Je regarde le velouter du ciel blême et il me vient des airs de Fauré, Debussy... Et je sais que je n'aurais pas le temps aujourd'hui de les entendre pleinement. Nous avons perdu confiance mais nous avons tellement conscience! Conscience de notre environnement, conscience du temps qui s'égraine et que l'on doit compartimenter afin de rencontrer les échéanciers préalablement établis en collégialité avec toute une société elle-même abreuvée d'informations et de conscientisation. J'en ai marre! Stop! Laisser-moi souffler et inhaler le temps qui passe, ne serait-ce que pour quelques secondes d'éternité.

Et cet arbre, est-il là pour au moins le temps de ma vie? Rien n'est désormais moins sûr.

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