jeudi 22 septembre 2011

Catalogue Opus 2012 : "Making of"



Catalogue 2012 : "Making of"

Il fallait trouver un autre concept pour le Catalogue Opus 2012, surtout après celui de 2011 qui avait été très remarqué et apprécié, mais aussi qui avait demandé tant de logistique. Photographier 80 vélos, en extérieur, dans des situations et des sites différents à chaque fois avait été un sacré casse-tête, mais aussi un défi créatif trippant. Pour le catalogue suivant, je ne pouvais pas utiliser la même formule. J’ai alors pensé à toutes sortes de solutions extérieures, car j’avais découvert un plaisir immense à sortir du contexte « studio » et à créer des images « in situ ».

Pour 2012, il y avait une contrainte supplémentaire de taille : trois cadres de vélo de montagne (que l’on nomme dans notre jargon « plateforme ») se déclinaient en trois modèles chacun, soit 9 vélos. Mais nous n’avions qu’un modèle cadre pour chacun. Donc il fallait assembler un vélo, le prendre en photo, puis le désassembler pour le remonter avec les composants du modèle suivant, et répéter l’opération pour le troisième. Et ceci pour les 3 plateformes différentes.
Il était alors très difficile de faire ses opérations en déplacement extérieur, ce qui nous imposait de faire la prise de vue directement chez Opus.
Cette contrainte majeure m’a donné des mots de tête, car je ne voulais pas refaire des images « studio », trop statiques à mon goût, et surtout, nous avions utilisé le studio durant tant d’années que je voulais vraiment sortir du moule.

Alors, comment faire de la prise de vue intérieure, avec éclairage contrôlé et tout le matériel sans que cela ressemble à ce que nous avions déjà fait? Comment faire tenir des vélos qui n’ont pas de béquille sans que cela semble artificiel? Les adosser sur un mur? Cela revenait à refaire le concept de l’an dernier, mais à l’intérieur. Sauf que l’intérieur qui m’était octroyé était l’entrepôt d’Opus qui est paradoxalement loin d’être des plus intéressants pour mettre en scène des vélos.

Comment présenter les vélos? Comment les faire tenir??

C’est alors que j’ai eu un « flash » : Et si on ne les tenait pas?
J’ai pris mon iPhone et j’ai couché un vélo sur le plancher. Puis j’ai orienté la photo selon l’axe du vélo et non pas l’axe du sol. Et mon « flash » s’est réalisé : Résultat, un vélo en lévitation.
Le cerveau, voyant un vélo vertical, dans un axe normal, est au début incapable de figuré que celui-ci n’est pas positionné verticalement, mais horizontalement, ce qui crée un flottement étrange.

Il faut dire aussi que, contrairement à toutes les années précédentes, j’avais envie de ne pas photographier les vélos de profil, mais avec un léger angle qui montrerait un peu plus de composants.

Alors au lieu de chercher des murs et des portes, comme l’an passé, choses qui manquaient de toute façon dans notre entrepôt, j’ai cherché des surfaces intéressantes au sol. J’ai pris un meilleur appareil pour faire des essais. Le tapis du bureau, le béton de l’entrepôt, les plaques de métal des docks se sont révélés des surfaces magnifiques. Je suis même sorti à l’extérieur pour faire des essais sur de l’asphalte, du gravier, de la terre et même du gazon. Mais j’ai vite réalisé que pour faire fonctionner l’effet, il fallait le moins d’ombre possible, que la lumière soit la plus tamisée que possible. Donc en extérieur, à moins de tomber sur un jour gris et uniforme, il aurait fallu bâtir un abri qui aurait tamisé adéquatement la lumière du soleil. Cela compliquait les choses, et je n’ai pas que les choses soient compliquées (!).
Il était donc plus simple de se contenter de l’intérieur et de déplacer l’immense éclairage « soft » sur roulettes du photographe.

J’ai choisi 4 lieux où le sol offrait une texture intéressante pour traiter les quatre catégories de vélo : Route, urbain, montagne et enfants.
Mais comme à l’habitude, je n’avais à disposition que 4 jours de prise de vue. Et prendre en photo près de 90 modèles en 4 jours est tout un défi, surtout s’il faut faire un « setup » de lumière à chaque fois.

Entretemps, ayant présenté mon concept de prise de vue au sol, j’ai fait face à un certain scepticisme tant qu’au degré d’angle utilisé. Trop, on perdait des détails du vélo, pas assez, le vélo manquait de dynamique. De toute façon, j’avais un plan B : Quelques belles surfaces murales pour poser les vélos de façon plus « classique ». Mais comme tout plan B, ce n’était pas celui que je privilégiai.
Toutefois, après multiples réunions avec l’équipe d’Opus, le plan B s’est avéré la préférence car plus « sécurisant » ne sachant pas exactement comment réagirait certain vélo avec le concept du plancher.

J’ai donc transféré mes 4 sites au sol par 4 sites muraux.

Le jour même du « shooting » j’avais encore des doutes. C’est à l’installation de la première location que j’ai réalisé qu’il serait difficile de se déplacer le « set » car la mise en place avait été plus longue et précise que prévu. Et la contrainte des fameux cadres à recomposer nous aurait forcés, le photographe et moi, à revenir sur certains sites pour assurer la cohérence d’image.

J’ai donc proposé à Rick de faire un essai rapide au sol, là où nous étions, en ne déplaçant qu’à peine l’éclairage. Et ce fut encore plus impressionnant que ce que les maquettes avaient révélé. Des vélos de performance, dans toute leur splendeur, s’emblaient flotter sur un mur telle une instalation dans une galerie d’art contemporain. J’ai donc dit à Rick : Ok! Plan A! On fonce!

En fait, le site où nous étions installés proposait bien plus qu’il n’y paraissait de prime abord. L’immense porte coulissante à tôles rivetées et renforcées et le positionnement du large éclairage « soft » en hauteur, offrait un décor dramatique particulièrement intéressant pour les vélos à béquille, ceux-là mêmes qui n’auraient pas bien réagi sur le sol. En somme, toute la ligne Urbanista et confort.

Ainsi je pouvais composer un catalogue avec la même teinte, la même ambiance, mais sur des axes et des fonds très différents. J’avais enfin mon concept global.

lire aussi : Faire un catalogue

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